Parole donnée.
La parole qu’on ne peut retenir est bien souvent celle que l’on ne peut tenir, qu’est-ce à dire ? Que nous trahissons par manque de bien considérer ce que l’on dit et dans quel but nous le disons. Parole à offrir ou à convaincre ?
J’ai une sainte horreur de ce qui est sacré, qui fige l’homme dans des certitudes et fait de lui un prosélyte borné plutôt qu’un agnostique prudent. Si la parole de « Dieu » est sacrée, pourquoi l’homme de la terre l’imposerait-il au lieu de se taire ?
Avoir une conviction inébranlable de détenir la vérité dans ses paroles et les imposer est le blasphème de se prendre pour « Dieu ». Cet extrémisme vient d’un arrêt sur image de la réflexion quand le panurgisme tient lieu de la foi.
Quand on jette son libre arbitre aux orties, on n’est plus à l’écoute du monde, on devient celui en qui on ne peut plus se confier, on est le traître en puissance.
La défiance vis-à-vis des politiques est déjà une trahison de leur part quand ils n’ont pas su se faire reconnaître une responsabilité désintéressée, (pléonasme) et qu’on ne les admire pas.
C’est que l’argent corrompt l’âme des hommes mais ça, on le sait et pas bien de candidats pour y remédier, les héros sont fatigués.
La pédagogie élémentaire veut que nous tenions parole auprès des enfants sinon nous les déstabilisons gravement. L’enfant retient votre promesse. C’est dire le conditionnement délétère pour eux quand la politique n’est plus que mensonge.
On ment aux enfants par manque d’engagement. C’est toujours l’enfant qui est victime de la trahison des parents dans ce monde apparent qui nie la vie pour le vernis.
Le royaume dont le roi est un enfant est désormais celui de l’enfant gâté, pourri, quand le confort rend fort con et que le progrès durcit les âmes. Les contrats ne sont plus que pièges pour con tractés et pour contracter les esprits vers l’unique profit.
Tous trahis dans la déliquescence de la démocratie en laquelle chacun tire la couverture à soi, couverture pour les uns et peau de chagrin pour les autres.
C’est trahir les enfants que de leur dire qu’il n’y a rien à moraliser sur leur chemin, ce n’est pas comme ça qu’ils trouvent le chemin de leur vérité, de leur vie. La honte entre dans les logis sans déontologie et je ne vise pas les banlieues, le nettoyeur à haute pression, c’est vers le haut qu’il faut le tourner.
La parole trahit sciemment ou inconsciemment, dépendante de l’intention de celui qui la profère. Celui qui la reçoit la trahit une deuxième fois par une interprétation subjective consciente ou inconsciente. La parole est à tous les vents.
Belles sont les paroles et les actes ne suivent pas : Trahison ! Parler pour dire, parler pour convaincre, parler pour se justifier, parler pour poser son fardeau sur un autre, tout cela est trahir. Mais ne crions pas haro sur le traître, nous le sommes tous.
Judas a trahi, Pierre a trahi, l’un pour de l’argent, par désespérance, l’autre pour un rêve de passer devant le Maître, une surestimation idéaliste de soi.
Sur le chemin de la source, allons boire un verre d’eau et là, dans le silence, plus de trahison mais une reconnaissance de ce que nous recevons : le sens qui ne trompe pas, qui tient ses promesses. Fiat lux !